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BOURSES DE VOYAGE

neur de Mrs Kethlen Seymour ; des poignées de main furent échangées, et les boursiers reprirent le chemin du port.

Lorsqu’ils furent rentrés à bord vers dix heures du soir, bien que la mer fût tranquille comme un lac, peut-être sembla-t-il à M. Patterson que l’Alert éprouvait quelques mouvements de roulis et de tangage. Convaincu qu’il les ressentirait moins dans la position horizontale, il regagna sa cabine, se déshabilla avec l’aide du complaisant Wagah et s’endormit d’un gros sommeil.

Le lendemain, toute la journée fut consacrée à des promenades dans la ville et aux environs.

Deux voitures attendaient les touristes, auxquels M. Anselme Guillon avait voulu servir de guide. Ce qu’ils désiraient visiter, c’était l’endroit même où avait été signé, en 1648, le partage de l’île entre la France et la Hollande.

Il s’agissait de gagner un morne, situé dans l’est de Marigot, et qui porte le nom significatif de Montagne des Accords.

Arrivés à destination, les excursionnistes mirent pied à terre au bas du morne et ils en firent l’ascension sans difficulté d’ailleurs. Et, alors, quelques bouteilles de champagne, retirées de la caisse des voitures, furent débouchées, puis vidées en souvenir du traité de 1648.

Il est entendu qu’une parfaite union régnait entre ces jeunes Antilians. Peut-être, au fond de l’âme, Roger Hinsdale pensait-il que Saint-Martin et aussi les autres îles devraient être ou seraient un jour colonies anglaises. Mais ce fut une poignée de main fraternelle que se donnèrent Albertus Leuwen, Louis Clodion et Tony Renault, en souhaitant aux deux nations un perpétuel accord.

Puis, après que les deux Français eurent bu à la santé de Sa Majesté Guillaume III, roi de Hollande, le Hollandais leva son verre en l’honneur du Président de la République française. Ces deux toasts furent salués par les vivats et les hurrahs de tous leurs camarades.

Il est à noter que M. Horatio Patterson ne prit point la parole pendant cet échange de souhaits et de compliments. La veille, sans doute, il avait épuisé les trésors de sa faconde naturelle, ou, tout au moins, il convenait de lui donner quelque repos. Il est vrai, sinon des lèvres, du cœur, assurément, il s’unit à cette manifestation internationale.

Après une visite aux sites les plus curieux de cette partie de l’île, après avoir déjeuné sur la grève et dîné sous les arbres d’une forêt superbe avec les provisions emportées pour cette excursion, les touristes revinrent à Marigot. Puis, prenant congé de M. Anselme Guillon, auquel les remerciements ne furent point épargnés, ils rentrèrent à bord. Tous, — et M. Patterson fut du nombre, — eurent le temps d’écrire à leurs parents. Au surplus, ceux-ci connaissaient depuis le 26 juillet l’arrivée de l’Alert à Saint-Thomas. Elle leur avait été annoncée par dépêche, et les inquiétudes dues au retard de quelques jours étaient maintenant dissipées. Cependant, il s’agissait de tenir les familles au courant, et les lettres, écrites ce soir-là, mises le lendemain à la poste, partiraient dans vingt-quatre heures par le courrier d’Europe. Aucun incident durant la nuit. Rien ne troubla le sommeil de ces jeunes garçons après une telle journée de fatigue. Mais peut-être John Carpenter et Corty rêvèrent-ils que des avaries obligeaient le Fire-Fly à revenir au port… ce qui ne se produisit point, heureusement pour eux.

Le lendemain, vers huit heures, profitant de la marée descendante, l’Alert sortit du port de Marigot à destination de Saint-Barthélemy.

Si la mer était un peu dure, le navire, tant qu’il se tiendrait sous l’abri de l’île, ne serait pas trop secoué. Il est vrai, après avoir repassé devant Philsburg, l’Alert ne serait