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BOURSES DE VOYAGE

Les officiers, après avoir pris congé du capitaine et des passagers, furent reconduits à l’échelle et embarquèrent dans leur canot. Mais, avant de démarrer :

« Je pense, capitaine Paxton, dit le lieutenant, que l’Alert sera demain à Saint-Thomas, puisqu’il n’en est plus qu’à une cinquantaine de milles ?…

— Je le pense aussi… répondit Harry Markel.

— Alors nous vous annoncerons par dépêche, dès notre arrivée à la Barbade…

— En vous remerciant, monsieur, et en vous priant de présenter mes devoirs au commandant de l’Essex. »

Le canot poussa du bord, et, en moins d’une minute, il eut franchi la distance qui le séparait de l’aviso.

Harry Markel et les passagers saluèrent alors le commandant, qui se tenait sur la passerelle, et ce salut leur fut rendu.

L’embarcation hissée, des sifflets aigus retentirent, et l’Essex se remit en marche à toute vapeur, cap au sud-ouest. Une heure après, on ne voyait plus que son panache de fumée à l’horizon.

Quant à l’Alert, ses vergues brassées, ses voiles orientées sous l’allure du grand largue, tribord amures, il prit direction sur Saint-Thomas.

Ainsi Harry Markel et ses complices étaient rassurés, en ce qui concernait cette visite de l’Essex. Personne, ni en Angleterre ni aux Antilles, ne soupçonnait qu’ils eussent pu s’enfuir sur un navire, et que ce navire fût précisément l’Alert… Il semblait donc que la chance les suivrait jusqu’au bout !… Ils allaient effrontément parcourir cet archipel, ils seraient reçus avec honneur, ils iraient d’île en île, n’ayant même plus la crainte d’être reconnus, ils achèveraient cette exploration par une dernière relâche à la Barbade, et ce n’est pas la route de l’Europe qu’ils reprendraient alors !… Le lendemain du départ, l’Alert ne serait plus l’Alert… Harry Markel ne serait plus le capitaine Paxton, et il n’aurait plus à bord ni M. Patterson ni aucun de ses jeunes compagnons de voyage !… L’audacieuse entreprise aurait réussi, et c’est en vain que la police rechercherait en Irlande les pirates de l’Halifax !…

Cette dernière partie de la traversée s’effec-