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par l’Allemand Gérard Rholfs[1], qui, parti de Tanger, traversa Fez, le Tafilet, le Touat, le Tidikelt et remonta jusqu’à Tripoli.

Rholfs fut le premier voyageur européen qui donna, sur les oasis sahariennes, des détails à peu près précis.

D’autres ont, depuis, essayé d’y pénétrer, avec plus ou moins de succès.

Jardins d’oasis.

Je vous ai raconté en détail l’odyssée de Marcel Palat. En 1887, un autre voyageur, Camille Douls…

— Camille Douls ?… Ah ! je suis curieux d’apprendre ce que vous allez me dire de lui ! Lorsque vous en aurez fini avec cet explorateur, je pourrai à mon tour vous donner sur son compte quelques détails certainement ignorés de vous.

— Vous me surprenez, René ; enfin, n’importe. Donc, en 1888, un jeune Français, Camille Douls, qui, un an plus tôt, avait longé toute la côte ouest du Maroc et pénétré dans le grand Sahara, résolut de repreudre l’itinéraire de Gérard Rholfs jusqu’à Insalah, pour, de là, rejoindre Tombouctou. Sous le nom de El Hadj Abd-el-Malek, et protégé, comme Palat, par le costume arabe, il arriva près d’Acabli, dans le Tidikelt. Du moins, on suppose qu’il en a été ainsi, Douls n’ayant plus, depuis son départ, donné aucune nouvelle. Il fut étranglé par ses deux guides, pendant qu’il faisait la sieste sous un tamarin, au puits d’Illighen…

— Eh bien, mon cher monsieur Naimon, vous vous trompez. Camille Douls ne fut pas étranglé ; Camille Douls n’est pas mort ; ce Camille Douls, à qui on a élevé, en grande pompe[2], dans sa patrie, un monument, fait de l’élevage quelque part en Amérique, dans la République Argentine, je crois. Trouvant la besogne entreprise trop lourde pour ses épaules, il fit répandre le bruit de sa mort, pendant qu’il revenait tranquillement sur ses pas, ou bien remontait par la Tripolitame avec quelque caravane, puis disparaissait. Était-il, du reste, vraiment à hauteur des projets qu’il méditait ? Il ne connaissait guère la langue arabe et il voulait se faire passer pour Arabe. Même notre consul à Tanger a tout fait pour le dissuader de ses projets ?

— De qui tenez-vous cela, René ?

— Je le tiens d’un personnage que Camille Douls a mis fortement à contribution, mais que je ne puis vous nommer. Sachez en tout cas que c’est un médecin qui a embrassé l’islamisme et qui a beaucoup voyagé, il a parcouru la Turquie, l’Égypte, la Syrie, l’Algérie, mais surtout le Maroc, où il est particulièrement connu des populations du Souss et du Talilet. Il a fait le pèlerinage de la

  1. Gérard Rholfs était, dit-on, un ancien soldat de la légion étrangère.
  2. Des officiers viennent d’élever, ces derniers mois (août-septembre 1902), un monument à Camille Douls là où il fut assassiné. Comme Palat, comme les autres explorateurs de ces régions, comme, en ces derniers temps, la mission Foureau-Lamy, il avait en somme cherché la liaison entre l’Algérie et le Soudan.