Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est cette tristesse que tu gardais pour toi toute seule qui te pesait plus que les années. Ah ! grand’mère ! que nous allons donc être heureux ! »

Le visage de la vieille dame s’éclaira du reflet de tant de joies entrevues.

« Tes enfants qui suppliaient Claire de leur prêter « sa mère-vieux » ; quand ils sauront que je suis la leur !

— Ce sera du délire. Ils ont un tel besoin d’affection ! »

Et, se mettant à rire :

« Sais-tu ce qu’ils ont imaginé de faire ? Ils ont demandé ma cousine en mariage pour moi. Claire les a envoyés paître avec entrain. Et comme je la comprends ! C’est effrayant pour une jeune fille, deux bébés à élever dès l’entrée en ménage.

— Oui, murmura Mme Andelot pensive. Il faudra bien choisir ta seconde femme, Hervé, prononça-t-elle d’une voix réfléchie, et la bien connaître avant de lui confier de si grands devoirs.

— J’ai en ce moment comme hôtes un peintre de mes amis, sa femme, ses bébés et son jeune beau-frère. M. et Mme Murcy sont un ménage idéal. Mme Murcv m’a promis de me chercher une bonne petite compagne de route : une vraie maman pour mes deux démons. Je me confie à son choix.

— Parlons de tes sœurs, à présent, veux-tu ?

— Il en est une que, pour la revoir, tu devras aller retrouver à son couvent de Brest : c’est loin… mais tu auras bientôt Brigitte, Mme de Ludan. Au lieu d’attendre qu’elle vienne, je vais aller la chercher. Elle est plus Liernay-Sauvetal que moi, mais c’est une âme droite ; elle ne reniera pas le sang d’où elle sort. Ce dont j’ai hâte aussi, ajouta Hervé, c’est de faire cesser entre mes oncles et moi un malentendu dont aucun de nous n’est responsable.

— Eusèbe habite Paris. Il est employé à la Ville, dans les bureaux.

— Très bien. En me rendant chez ma sœur, à Compiègne, où son mari est en garnison, — il est capitaine breveté : il sort de l’École de guerre, ton petit-fils par alliance, grand’mère : c’est un gentil garçon, tu l’aimeras ; — en me rendant chez eux, donc, j’irai faire