Ed. Grimard.
P. Perrault.
La navigation se poursuivit dans des conditions assez favorables, et il fut même reconnu que l’état de M. Horatio Patterson n’empirait pas, au contraire. Inutile de dire qu’il avait renoncé à tenir un citron entre ses doigts. Décidément, les frictions au collodion, exécutées par Wagah, ne manquaient point d’une certaine efficacité. Le cœur du Mentor reprenait sa régularité chronométrique, comme battait l’horloge de l’économat d’Antilian School.
De temps en temps, passèrent quelques grains, qui secouaient violemment l’Alert. Le navire les supportait sans peine. Du reste, l’équipage manœuvrait si habilement sous les ordres d’Harry Markel, que les passagers en étaient émerveillés — surtout Tony Renault et Magnus Anders. Ils donnaient la main, soit pour amener les voiles hautes, soit pour brasser les vergues, soit pour prendre des ris, — opération que l’installation de doubles huniers rendait plus facile. M. Patterson n’était pas là pour leur recommander la prudence ; mais il se rassurait, sachant que John Carpenter veillait sur ces jeunes gabiers avec une sollicitude toute paternelle… et pour cause.
Au surplus, les troubles atmosphériques n’allèrent jamais jusqu’à la tempête. Le vent tenait dans l’est, et l’Alert faisait bonne route.
Entre autres distractions que leur procurait cette traversée de l’Atlantique, les boursiers se livraient au plaisir de la pêche, non sans passion ni succès. Les longues lignes qu’ils mettaient à la traîne, en leur prêtant cette attention spéciale qui caractérise les disciples de ce grand art, ramenaient à chaque hameçon des poissons de toutes sortes. C’étaient le froid Albertus Leuwen et le patient Hubert Perkins qui montraient le plus de goût et déployaient le plus de zèle pour cet exercice.