Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chacun une certaine quantité de districts, formés eux-mêmes d’un nombre variable de ksour.

Le tableau ci-dessous résume, sur la région touatienne, quelques renseignements statistiques que M. Naimon a bien voulu extraire pour moi d’un livre qu’il estime fort, mais que je n’ai pas eu le courage de lire, tellement je l’ai trouvé aride. Il paraît cependant que c’est un des plus importants ouvrages qui aient été publiés sur le Sahara[1], avant la conquête des oasis.

  Nombre de districts. Nombre de ksour. Population Nombre de palmiers cultivés.
Gourara 
12 112 80 000 2 500 000
Touat 
10 156 100 000 3 000 000
Tidikelt 
6 52 23 000 1 500 000
Totaux 
28 320 203 000 7 000 000

La population totale des oasis sahariennes serait donc d’environ deux cent trois mille habitants. Elle se compose d’Arabes, de Zenata (Berbères refoulés par les Arabes), de Harratin (sang mêlé arabe et nègre), enfin de nègres. Les Touareg, surtout les Ahaggar ou Hoggar, en forment la population flottante.

L’élément arabe domine au Tidikelt seulement ; mais il est cependant partout très important.

Ces diverses races étaient autrefois, et sont sans doute encore à présent, groupées en deux partis politiques opposés : les Shamed et les Solliane — quelque chose comme les Guelfes et les Gibelins de notre moyen âge — et dont l’origine remonte à l’invasion arabe hilalienne.

Michel Antar.

(La suite prochainement.)

  1. L’Extrême Sud de l’Algérie, par le commandant Deporter. Bien avant lui, le commandant de Colomb avait publié une étude par renseignements, avec une carte des Oasis saharieinnes.


DISPARUS
Par JACQUES LERMONT

VIII

Événements graves


Que faisait à Paris le chevalier de Valjacquelein ? Bonne Manon manda à son père les derniers événements, l’arrivée à Penhoël de Manette, tout ce que, par elle, on avait appris sur le sort d’Yves, et comment il était au pouvoir des écumeurs de mer.

Ces nouvelles accablaient l’infortuné père. Il était évident maintenant, que, contrairement à l’avis du tabellion de Quimper, les contrebandiers n’avaient point enlevé Yvon pour en tirer rançon. Si cela eût été, ils eussent fait en sorte d’adresser leurs propositions au château de Penhoël. Obtenir qu’on poursuivît ces malfaiteurs, ce qu’il avait voulu faire, devenait de plus en plus improbable. Le ministre Necker avait pris la fuite quelques jours après avoir reçu le Chevalier.

La Révolution allait grandissant, et tout moyen d’action pour retrouver son enfant échappait au malheureux gentilhomme. Il avait rencontré, il est vrai, à Paris et à Versailles, beaucoup de représentants de la noblesse bretonne, venus en députation à cause des événements politiques, et dont quelques-uns, ralliés aux idées nouvelles, ne manquaient pas d’influence. Le Chevalier fit auprès d’eux tous ses efforts pour obtenir un ordre d’expédition contre les pirates. Mais le peu de vais-