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de manière à lui prouver qu’il avait à peine entendu. Cependant, il promit de s’occuper de l’affaire et de rédiger un ordre pour le commissaire de la marine.

« Tout est difficile en ce moment. C’est du reste, ajouta M. de Necker en souriant, le jour des enfants perdus, car la marquise de Norins, qui sort d’ici, me prie de faire rechercher sa fille qui a disparu aussi, en Bretagne même, et, je crois, non loin de vos terres. Revenez me voir, chevalier, je m’occuperai des deux affaires ensemble… si on m’en laisse le temps. »

Le chevalier ne jugea pas à propos de raconter à un homme si pressé la remarque qu’il venait de faire dans l’antichambre, mais il s’enquit de la marquise de Norins, lui fit visite, lui raconta son histoire, celle d’Yvon et du médaillon trouvé par Naïk, dont la peinture ressemblait tant au portrait de la boîte à poudre. Très frappée, la marquise ne douta pas un instant que Manette, sa fille, ne fût mêlée aux aventures de l’enfant dont on lui parlait. Il lui parut probable que l’un et l’autre de ces enfants avaient été enlevés par les mêmes malfaiteurs. Mme  de Norins usa de tout son crédit auprès de M. de Necker pour obtenir l’ordre de poursuite qui ne venait pas.

Le chevalier de Valjacquelein restait pour attendre cet ordre, plongé dans un chagrin chaque jour plus profond. Mais, voyant par lui-même les dangers que courait son roi, ayant le spectacle quotidien de la révolution grandissante, il se mêla peu à peu à la noblesse qui entourait Louis XVI et joignit son épée à celles qui tentèrent de soutenir le monarque chancelant.

Jacques Lermont.

(La suite prochainement.)


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