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Dans la même famille, se trouve le Pin (Pinus), dont on connaît le port majestueux et l’incomparable utilité. Aussi a-t-il figuré, dès la plus haute antiquité, parmi les végétaux célèbres. Cet arbre austère des dunes, dans le sombre feuillage duquel sifflent mélancoliquement les vents qui lui viennent de la mer, était consacré à Bacchus, à Pan et à Cybèle. C’est au moyen de fragments de son bois inflammable que s’éclairèrent d’abord les Grecs ; puis ce fut, plus tard, de longues torches résineuses qu’ils se servirent pour l’illumination des grandes fêtes publiques, et c’est à la lueur de l’une de ces torches, dit la légende, que la déesse Cybèle, errante et désolée, allait à la recherche de sa fille, Proserpine, enlevée par Pluton, dieu des enfers, comme chacun sait.


Le pin parasol.

Ce mode d’éclairage primitif et grossier fut employé jusqu’à l’époque où l’on sut utiliser la graisse et l’huile pour le même usage. Le savant physiologiste F.-A. Pouchet mentionne que, dans un voyage qu’il fit à Naples, aux environs de 1830, il vit certaines places de la ville éclairées au moyen de copeaux de pin qui bridaient dans de grandes cages de fer.


Le Cèdre est le plus illustre des conifères ; c’est l’arbre légendaire par excellence. Beauté, majesté, puissance, taille colossale, longévité, incorruptibilité — tels sont ses titres à l’admiration des peuples, à leur respect, nous pourrions dire à leur vénération réligieuse.

L’histoire de ce végétal se rattache à celle des peuplades les plus anciennes. Il a toujours été réservé aux plus nobles usages, à la confection des objets les plus artistiques, à la construction des monuments les plus magnifiques, et l’on sait combien en fut prodigué l’emploi dans le temple somptueux de Jérusalem, où les lambris de cèdre sculpté étaient çà et là recouverts ou encadrés de larges lames d’or.

Il figurait également parmi les matériaux les plus précieux du merveilleux temple de Diane, à Éphèse. C’est de ce même bois, et du plus énorme cèdre dont l’histoire fasse mention, que fut construite cette fameuse galère de Démétrius qui, sur une longueur de cent trente pieds, n’avait pas moins de onze rangs de rames.

C’est, enfin, toujours en bois de cèdre que Caligula, l’empereur romain de honteuse et scandaleuse mémoire, fit construire ces fameux vaisseaux dits liburniques, où furent accumulées des richesses inouïes, de véritables monceaux d’or et de pierres précieuses, enchâssées de toutes parts sur les panneaux des portiques, les caissons des plafonds, les boiseries sculptées, jusque dans les salles de bains, elles-mêmes, sans parler d’autres prodigalités folles, telles que des rangées d’arbres fruitiers chargés de leurs fruits mûrs qui remplissaient les plates-formes, les salons et les galeries… rêve d’un cerveau que détraque la folie ; luxe extravagant qui dépasse toutes les somptuosités imaginables.

Le bois de cèdre était considéré comme à peu près indestructible, aussi les Grecs et les Romains l’employaient-ils pour la représentation de leurs dieux. Au temps de Pline, il y