s’observaient l’un l’autre furtivement : mais non point avec une curiosité égale ; celle de Claire remportait de beaucoup…
« À quelle heure dois-je les envoyer chercher, mademoiselle ?
— Vers cinq heures ; plus tard, même ; cela dépend de l’heure de votre dîner. N’en ayez pas souci, ils ne nous dérangent point.
— Recevez tous mes remerciements. »
Les enfants avaient déjà dégringolé l’échelle. Claire les suivit, après avoir salué Hervé d’une légère inclinaison de tête, sans un mot de plus : elle n’avait point oublié les prédictions de Pêtiôto, ni l’ironique leçon de Rogatienne.
Le jeune baron reprit le chemin de sa demeure, où déjà on commençait de tout préparer pour la réception des hôtes attendus.
La personnalité de Claire le laissa très peu intrigué. Il en fit la parente de cet ancien régisseur, à qui le général baron de Kosen, son grand-père, avait assuré une pension. Ce qui le surprenait, par exemple, c’était ce si proche voisinage ; il n’avait pas pris garde, à l’automne précédent, qu’il y eût une maison à côté du parc.
Au reste, avant de laisser s’établir des relations suivies entre ses enfants et les gens qui habitaient là, il s’informerait…
Hervé de Kosen avait alors vingt-sept ans. C’était un grand et solide garçon, en qui se rencontraient de singuliers contrastes.
Blond, les yeux brun clair, de beaux traits, des cheveux à frisure serrée encadrant de leurs ondes courtes un front arrondi, très haut, et s’élargissant vers les tempes, un profil altier : et, à côté de cela, une carrure de paysan, des mains plus soignées que fines ; des mains que l’on devinait réfractaires à l’oisiveté.
De fait, Hervé avait une préférence instinctive pour tout travail réclamant un effort physique. Ce penchant naturel était, il est vrai, combattu chez lui par l’habitude. Dès l’enfance, une volonté d’une fermeté rare l’avait asservi à l’observance du code étroit, décrétant ce qui est permis à un gentilhomme d’accomplir sans déchoir.
Cette étrange conception de ce qu’impose la
