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BOURSES DE VOYAGE

dès l’aube, à la marée descendante, l’embarcation retenue transporterait les passagers et leurs bagages à l’anse Farmar.

En outre, M. Patterson fit cette réflexion, on ne peut plus naturelle chez un comptable : à s’installer à bord, les dépenses d’hôtel seraient évitées, et cela en valait la peine. Au surplus, rien n’empêcherait de revenir à Queenstown et à Cork, si le départ devait être reculé de quelques jours, faute de vent.

M. Patterson et ses jeunes boursiers se firent donc conduire à un hôtel situé sur le quai. Ils se couchèrent, ils dormirent d’un bon sommeil, et, le lendemain, après un premier déjeuner, thé et sandwiches, ils prirent place dans le canot qui devait les conduire à bord de l’Alert.

On ne l’a point oublié, la brunie s’était dissipée à ce moment, et, dès que l’embarcation se fut avancée d’un mille, l’anse Farmar apparut au détour d’une pointe qui la limitait au nord.

« L’Alert !… s’écria Tony Renault, montrant le seul bâtiment qui fût alors à ce mouillage.

— Oui… mon jeune monsieur, l’Alert… répondit le patron du canot. Un joli navire, je vous assure !

— Vous connaissez le capitaine Paxton ?… demanda Louis Clodion.

— Je ne le connais point, et il est rarement venu à terre. Mais il passe pour un excellent marin, et il a un bon équipage sous ses ordres !

— Quel beau trois-mâts !… s’écriait Tony Renault, dont l’admiration était largement partagée par son camarade Magnus Anders.

— C’est un véritable yacht ! » dit Roger Hinsdale dont l’amour-propre fut flatté que Mrs Kethlen Seymour eût mis ce superbe bâtiment à leur disposition.

Un quart d’heure après, le canot accostait l’Alert au bas de l’échelle de tribord.

On le sait, ainsi que cela avait été convenu, le patron et ses deux hommes étaient restés dans le canot, qui reprit aussitôt la direction du port.

On sait aussi dans quelles conditions les présentations furent faites, comment Harrv Markel reçut les voyageurs sous le nom du capitaine Paxton. Cela fait, John Carpenter, en qualité de maître d’équipage, offrit ses services et proposa aux passagers de les conduire au carré, où leurs cabines étaient préparées.

Auparavant, M. Patterson crut devoir se dépenser en nouveaux compliments à l’adresse du capitaine. Il se félicitait que Mrs Kethlen Seymour eût confié le sort de sa jeune troupe d’excursionnistes à un commandant aussi distingué et de si excellente réputation dans le monde maritime… Sans doute, puisqu’ils se hasardaient à fouler le sein de Thétis, ils s’exposaient à quelques dangers… Mais avec le capitaine Paxton, sur un aussi bon navire que l’Alert, un équipage aussi expérimenté, on pouvait braver les colères de Neptune…

Harry Markel restait froid, impassible, devant ce débordement de congratulations. Il se contenta de répondre que ses hommes et lui s’emploieraient de leur mieux pour que les passagers de l’Alert eussent toute satisfaction pendant ce voyage.

Et, maintenant, il s’agissait de visiter le navire « depuis le fond de la cale jusqu’à la pomme des mâts », ainsi que le répétait Tony Renault.

Que cela dût intéresser au plus haut point ces jeunes garçons, on ne saurait s’en étonner. N’était-ce pas la demeure, la ville flottante qui leur avait été choisie pour une saison de trois mois ?… N’était-ce pas comme une partie d’Antilian School, détachée du Royaume-Uni, qu’ils allaient habiter durant ce voyage ?…

Ce fut, en premier lieu, le carré, à l’intérieur de la dunette, où devaient être pris les repas en commun, la table de roulis au milieu, les bancs avec leurs dossiers mobiles, les lampes