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Magasin illustré d’Éducation et de Récréation
SOMMAIRE du N° 198

BOURSES DE VOYAGE, chapitre VIII, par Jules Verne.
MON « ENTRÉE DANS LE MONDE », par
J. Daigret.
FILLE UNIQUE, chapitre V (suite), par P. Perrault.
MONOGRAPHIES VÉGÉTALES, par Ed. Grimard.
DISPARUS, chapitre VI, par Jacques Lermont.
BOURSES DE VOYAGE
par JULES VERNE — illustrations de L. BENETT


VIII
À bord.

Le trajet de M. Patterson et des pensionnaires d’Antilian School s’était effectué dans de bonnes conditions. Ils avaient pris un vif intérêt aux moindres incidents de la route. C’était une échappée d’oiseaux hors de leur cage, — des oiseaux parfaitement apprivoisés et qui devaient y revenir. Et cela ne faisait que commencer.

Assurément ces jeunes garçons n’en étaient pas à leur premier voyage en chemin de fer ou en bateau. Tous avaient même franchi l’océan Atlantique, lorsqu’ils étaient venus des Antilles en Europe. Mais de là à dire que la mer n’avait plus de secrets pour eux, non ! C’était à peine s’il leur restait souvenir de cette traversée. Le plus âgé d’entre eux avait au plus une dizaine d’années, lorsqu’il mit le pied en Angleterre. La navigation à bord de l’Alert serait donc chose nouvelle pour eux. Quant au Mentor, c’était l’unique fois qu’il allait s’aventurer sur le perfide élément, à son extrême satisfaction.

« Hoc erat in votis !  » répétait-il, dix-huit cents ans après Horace.

En descendant du train à Bristol, la petite troupe, dès cinq heures, prit le paquebot qui effectue un service régulier entre l’Angleterre et l’Irlande, un parcours de deux cents milles environ.

Ce sont de beaux navires, ces paquebots, bien aménagés et de marche rapide, enlevant leurs dix-sept milles à l’heure. On se trouvait dans une période de calme. Rien qu’une légère brise. D’ordinaire, l’entrée du canal de Saint-Georges, lorsqu’on a dépassé Milford Haven et les extrêmes pointes du pays de Galles, est assez dure. Il est vrai, on est à peu près à moitié route, mais les passagers n’en sont pas moins éprouvés pendant une demi-journée encore. Cette fois, ils se seraient