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CHAPITRE IV


La résolution de Claire eût-elle faibli, le temps l’aurait obligée de la tenir : il plut toute la matinée.

Elle en profita pour mettre mille choses en ordre dans sa chambre, qu’elle aimait à voir coquettement arrangée : cela l’occupa jusqu’à midi.

Après qu’on fut sorti de table, grand’mère Andelot lui conseilla :

« Va donc chercher ton ouvrage. Tu travailleras près de nous, puisque tu ne peux rester au jardin. »

Clairette obéit, mais il s’écoula deux grandes heures avant qu’elle ne reparût.

Ce qu’elle avait fait ? Elle était allée se poster sur l’escalier secret, et, bien abritée sous un sapin, derrière un rocher en saillie, avait observé la partie du parc qu’il lui était possible d’entrevoir.

Laisserait-on sortir les enfants ? Non, sans doute ; l’eau formait des rigoles de chaque côté des allées, et, des feuilles alourdies, de petites averses tombaient à la moindre brise.

Après avoir passé un moment à s’orienter, Claire se disposait à regagner la maison, quand le dialogue suivant la retint à sa place :

« Lilou ! Où que t’es ?

— J’es là, sur le rocher.

— Claire y est pas ?

— Non.

— Si elle va pas viendre, moi ze pleurerai fort !

— Moi aussi.

— Faut l’appeler. »

Ils se mirent à crier ensemble à pleine voix :

« Claire ! Claire ! »

Certaine d’échapper à la vue, celle-ci se décida à répondre :

« Je vous entends, mais je ne me montrerai pas, parce que je suis sûre que vous m’avez désobéi. »

Au lieu de protester, les enfants se regardèrent, l’air de se consulter, ainsi que c’était leur habitude. Soudain Lilou dégringola le rocher, se laissant glisser pour être plus vite en bas ; tous les deux se prirent par la main et coururent dans la direction d’où leur semblait être partie la voix.