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qu’un faible acompte, car ils portaient le chiffre total de leur créance à 14 millions. Les Bacri imaginèrent donc de faire appuyer leurs réclamations par un de leurs commis qu’ils firent passer pour un ami du dey et pour le frère d’une de ses femmes. Ce commis, Simon Aboucaya, avait pris rang parmi les ambassadeurs ; il allait chez les ministres, dans leurs bureaux, et menaçait tout le monde de la colère de son prétendu beau-frère, lorsque, reconnu dans le jardin de Tortoni, il fut enfermé au Temple avec Jacob Cohen Bacri, son maître ; on les mit quelque temps après en liberté.

« L’affaire était assoupie et les demandes parurent abandonnées. »


N’est-ce pas délicieux, l’aventure du commis Simon Aboucaya faisant bruit dans les bureaux pour le dey ?…

M. Labbey de Pompières tendrait à faire croire qu’on ne devait rien au dey, que le dey ne réclamait point, qu’il y avait simplement créance Bacri… Erreur. Feraud, dans son Histoire des villes de la province de Constantine a cité beaucoup de pièces prouvant le contraire. C’est dans son ouvrage que j’ai noté que le dey Baba Hussein prêta sans intérêt cinq millions au Directoire, — que Bacri remit à Marseille, aux représentants du peuple, une lettre du dey qui recommandait son commissionnaire à leur bienveillance, — que dans la lettre de Bonaparte au dey portée par Hulin, avec la menace d’un bombardement, il y avait :


« … Je vous fais également connaître mon indignation sur la demande que vos ministres ont osé faire, que je paie 200.000 piastres fortes. Je n’ai jamais rien payé à personne… »


Payer n’était pas le propre de Bonaparte. Le dey se le tint pour dit. Il écrivit :


« Vous ne m’avez pas voulu donner deux cent mille piastres fortes que je vous avais demandées pour me dédomma-