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physionomie de l’affaire Bacri, le caractère de cette époque.

Ce caractère a frappé — le même toujours — tous les auteurs qui ont écrit sur l’histoire d’Alger en consultant ces pièces.

Pellissier de Reynaud, dans ses Annales algériennes, tout réservé qu’il soit, tout pénétré qu’il s’affirme de la mission civilisatrice et des destinées providentielles de la France en Afrique, ne peut céler qu’il y eut « fourbi » :


« … Le dey, qui s’était habitué à considérer la créance de Bacri sur la France comme le meilleur gage de celle de son gouvernement sur ce négociant, fut contrarié de voir ce gage diminué chaque jour par les paiements opérés au profit des créanciers français. Il crut ou affecta de croire que tous n’avaient pas eu lieu de bonne foi. Cette opinion a été partagée par d’autres personnes en France et en Afrique, il était donc possible que les nombreuses réclamations que le dey éleva contre le mode de liquidation de la créance Bacri ne fussent pas sans fondement. »


Les auteurs qui écrivaient peu après la conquête nous montraient aussi le Bacri sous des couleurs plus vives que celles des écrivains de maintenant. Citant M. Labbey de Pompières, Galibert dit :


« Sous la République, le juif Jacob Bacri nous avait fait diverses fournitures de blé. S’il faut en croire M. Labbey de Pompières, la maison Busnach et Bacri vendait à la France des blés qu’elle embarquait en Barbarie sur des bâtiments neutres ; des corsaires prévenus à temps enlevaient les navires à leur sortie du port et les ramenaient à Alger ou à Gibraltar. Là les blés étaient rachetés à bas prix par les Bacri qui les revendaient à la France. Alors ils arrivaient à Toulon tellement avariés qu’on était obligé de les jeter à la mer pendant la nuit. Le 15 février 1798, les Bacri reçurent en paiement du ministre de la marine, M. Pléville de Pelley, une somme de 1.589.518 francs, et, en outre, des munitions navales de toute espèce en grande quantité ; mais ce n’était là