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pays, bien jolie, mais, hélas ! trop grossière pour mon répertoire de citoyen poli… « Si » ne devrait jamais être employé par un homme sérieux. Tout de même… pour vous distraire… un instant remontez dans le passé. Imaginez Mehemet Ali prenant Alger. Le pacha d’Égypte avec nous, contre le sultan de Turquie établissant d’Alexandrie à Tanger un empire musulman… à cet empire musulman nos savants, nos capitalistes donnant la vie, la force ; et notre diplomatie marchant avec ça… Rêve éblouissant. France riche, puissante ; et quelle paix ! quels progrès au monde !…

Oui… mais il y avait l’émancipation des juifs et l’affaire Bacri.

Elle est aujourd’hui bien oubliée ; on se rappelle seulement que M. de Laborde, lors des discussions relatives à l’expédition, s’écria : « Cette guerre est-elle juste ? Non. On vole le dey. Il réclame. Il se plaint. Et on le tue. » Cela est demeuré non pas à l’honneur, mais à la confusion de ce parlementaire d’opposition. C’est pour railler les adversaires du projet d’expédition qu’on rappelle ce fait. Celui des vols auquel il faisait allusion est oublié. L’affaire Bacri n’existe plus. Ne reste que la victoire civilisatrice de la France, et la mauvaise âme de ceux qui s’y opposaient, des mauvais Français ou des sots, que l’on flétrit ou dont on se moque. Voilà l’état d’esprit.

Depuis quatre années que je travaille plus spécialement à cet ouvrage, en des centaines de conversations j’ai amené le propos. Ce fut toujours ce que je viens d’écrire.

Les livres classiques ne peuvent cependant ignorer l’affaire Bacri. Mais ils glissent, ils n’appuient pas, ils escamotent.

Voici dans Wahl :