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armes, établissent le prestige de notre grandeur civilisatrice et morale aux yeux des fervents adeptes du Coran… »

Vous vous dites que des généraux, des avocats, des courtiers versés dans le parlementarisme, c’est excusable de parler ainsi… Voici l’économiste.

Les « destinées » qu’invoque Jules Ferry, l’économiste les voit dans la nature :


« L’audace des deys survivant à leur force amena la France à se saisir d’une terre qui était dévolue par la nature aux nations civilisées de la Méditerranée. »


Ailleurs le même économiste à la nature ajoute les « événements fortuits ». Il dit :


« Ce fut une conquête sans préméditation amenée par des événements fortuits… Une insulte de la part d’un souverain barbare, le refus des réparations exigées, le besoin de détourner l’attention publique des affaires intérieures furent les circonstances minimes et contingentes qui nous amenèrent en Afrique. C’est la seule fois qu’une grande entreprise de colonisation ait eu son origine dans une question de point d’honneur national. »


L’économiste, vous l’avez reconnu, c’est notre Leroy-Beaulieu, l’augure, le dieu…

La série n’est pas complète. Nous venons de voir : la punition de l’insulte, la cause de l’humanité, la destinée glorieuse, le dévolu de la nature, l’événement fortuit. J’ai trouvé dans les livres de M. Mercier la « conquête providentielle » et dans Reclus, qui ne croit pas à la Providence, la « force des choses ».

On peut négliger M. Mercier. Mais Reclus !… Est-il admissible qu’un grand savant nous dise que la conquête de l’Algérie jusqu’au Sud « se fit par la force même des choses, malgré les incertitudes de plan, les changements de politique, les reculs temporaires ?… »