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population d’un empire ancien) que le même mot, chez l’un et chez l’autre, a un sens très différent.

Cela peut être vrai entre contemporains. Quand un équarrisseur du Cantal dit de son voisin « c’est un homme riche », ce mot riche, bien qu’étant le même mot, avec le même sens absolu, n’a cependant pas du tout la même signification réelle quand à M. Boni de Castellane quelque jeune ami demande une présentation chez un homme riche d’Amérique.

Sous la plume de Salluste le mot fertile n’a pas le même sens, la même contre-partie de réalité que sous celle de M. Boissier ou de M. P. Leroy-Beaulieu.

C’est évident… En effet… Mais encore fallait-il mettre cette évidence en lumière, car on ne la voyait pas.

Revenons donc à Salluste et aux écrivains romains. Salluste nous dit la fertilité ; mais il nous dit en même temps l’observation du fait qui ramène la fertilité à des proportions réelles, du fait dominateur grâce auquel si l’on avait à l’époque romaine voulu l’Algérie fertile comme nous avons besoin qu’elle le soit aujourd’hui, on ne l’aurait pas eue non plus.

Salluste dit : « Contraire aux arbres, la pluie et les sources étant rares, l’eau y manque. » Le froid n’avait point frappé Salluste. Il ne pouvait d’ailleurs y attacher grande importance, car les froids italiens font partie de l’évolution normale des saisons agricoles d’Italie ; ces froids n’agissent pas contre la fertilité. Ce qu’il voyait essentiel, parce qu’en Italie c’est la sécheresse qui tue les récoltes et pas le froid (qui en protège les repos de germination), ce qui frappait Salluste c’est le manque d’eau dans l’Afrique, de climat « contraire aux arbres ».

Retenez bien ces mots « contraire aux arbres ». Car c’est la revision du procès fait à l’Arabe, vous