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fâche, tout rouge, aussi buté que les ânes du pays de ma femme, lesquels ne voulant point marcher n’avancent pas, même avec le feu sous le derrière et, dans un mauvais sentier qui leur plaît, se laissent tuer plutôt que d’en sortir.

Les colons disent, eux : « Ou bien le climat de l’Afrique a changé, ou bien la réputation de fertilité que lui a faite l’antiquité est une mystification. »

Le fonctionnaire, lui, croit : « Le climat de l’Afrique n’a subi que des modifications humaines justiciables d’autres modifications humaines… déboisements, reboisements… et la fertilité, la richesse naturelle est une réalité. »

Alors que la vérité c’est : « Le climat n’a que très peu changé, si même il a changé. Quant à la fertilité ce n’est pas les anciens qui l’ont exagérée, c’est nous, c’est les commentateurs des textes anciens. »


CHAPITRE XIX

En suite et sur le même propos.


Les proportions des choses semblent augmenter avec le recul dans le temps. Comme d’ailleurs nous les augmentons avec l’éloignement dans l’espace, dans la distance. Quel est celui d’entre nous qui n’a rêvé les choses des pays lointains magnifiques et superbes, immenses, plus belles et plus grandes que celles d’à côté de nous ? C’est le même phénomène dont il serait curieux d’étudier les lois de causalité en nos esprits qui nous fait voir tant de choses si grandes et si belles dans le passé, alors qu’en réalité il n’y avait que plus petit, plus laid… C’est toute l’histoire des imaginations de l’ignorant, du littérateur (id est