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aujourd’hui, « un pays pauvre bon pour des Arabes seulement », elle l’était déjà du temps des Romains.

Là… ne protestez point. Je sais que nous bouleversons toutes les idées vénérables qui sont les vôtres. Suivant une association forcée d’images, quand on vous parle de l’Algérie vous voyez le grenier de Rome. Et vous êtes flatté par des évocations de vagues richesses, de fertilités imprécises ; mais c’est l’abondance… Je dis que vous êtes flatté, charmé, parce que, l’Algérie nous appartenant, c’est à notre pays que revient le bénéfice de cette richesse, de cette fertilité, de cette abondance. Et cela vous plaît, car vous êtes patriote. Moi aussi. Mais notre patriotisme diffère en ceci que je prends la peine de réfléchir, de contrôler les assertions, de discuter les idées « légendaires » sur quoi repose le vôtre. Cette idée que l’Algérie romaine était excessivement fertile et riche… le grenier, le fameux grenier… est une de celles qui a produit la méconnaissance du vrai climat de la colonie. Cette méconnaissance, autrement, chez beaucoup, serait inexplicable, car il n’y aurait en réalité aucun amour-propre en jeu, aucune passion quelconque d’intérêt politique ou religieux à vouloir lire sur des thermomètres un chiffre plutôt qu’un autre. Si encore les agents de la colonisation officielle avaient un intérêt d’argent à vendre de la terre on comprendrait qu’ils en fissent la merveille des merveilles.

Nous savons, sans effort, pourquoi il fait toujours beau à Monte-Carlo, à Dieppe, à Cabourg dans les journaux qui font de la publicité. Nous comprenons aussi avec la plus grande facilité pourquoi les propriétaires de terrain sur les plages normandes veulent que les étés et les automnes soient secs et frais au rivage de la Manche. C’est phénomène du