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« Que l’Algérie, en dépit d’une légende bien établie, et si contraire à l’état réel de sa climatologie est un pays à hiver marqué. »


Cela devrait être facile à constater, croyez-vous. La lecture des indications d’un thermomètre n’exige pas du génie. Et vous vous demandez comment, pourquoi la constatation pourtant si aisée d’un hiver marqué n’existe point dans la climatologie officielle de l’Algérie.

C’est, nous dit M. Rivière, que :


« La météorologie du réseau officiel ne considère que les valeurs prises dans des conditions particulières avec des instruments placés à 2 m. 60 de hauteur et recouverts par une double toiture, dans un lieu d’observation abrité et dont le sol est souvent damé ou pavé…

« … C’est justement dans la couche inférieure de l’air, bien au-dessous de 2 m. 60 que se passent dans les pays à grande diathermanéité de l’atmosphère… des phénomènes physico-chimiques particuliers qui ont une influence considérable sur la vie animale, sur la végétation, sur l’agriculture extensive ou intensive et les conditions économiques et sociales.

« On a donc ignoré ainsi, au moins en ce qui concerne les phénomènes thermiques, la fréquence, la durée des froids et des rayonnements intenses, si nuisibles à tout ce qui vit sur le sol ou auprès de lui.

« … On en a conclu que les minima véritables au-dessous de zéro ne se produisaient pas ou étaient fort rares en certaines régions…

« … On a posé comme principe, et c’est là une grave erreur, que la rareté et la fugacité des réfrigérations nocturnes les rendaient sans importance pour l’agriculture et l’hygiène et ne devaient nullement influer sur le choix d’une installation rurale ni être prises en considération pour un système raisonné d’exploitation culturale. »


Quel beau sujet pour un ironiste, et quel chapitre délicieux on pourrait ajouter à la série des cartons verts, celui de la climatologie de bureau !