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de moins, Ils ne les admettaient point. La politique algérienne, faut-il croire, ne les permettait pas. Publier des températures au-dessous de zéro, c’est, paraît-il, faire œuvre d’ennemi de l’Algérie, dénigrer la colonie. Officiellement il n’y avait pas de moins. Il n’y en a même pas encore.

Je vous assure que je dis vrai. Je serais même très ennuyé que vous ne contrôlassiez pas mon dire. Consultez je vous prie la statistique générale de l’Algérie. Demandez-en dans une bibliothèque publique les volumes annuels. Celui de 1903 pour 1901. Comparez le tableau que je reproduis avec celui de la page 206 de ce volume et vous verrez que ma copie est fidèle. Vous admirez les belles moyennes.

Pour donner un peu d’honnêteté aux statistiques, pour demander aux observateurs de publier en même temps que les moyennes qui ne signifient rien les extrêmes qui seuls disent quelque chose, il a fallu que M. Jonnart devînt gouverneur de l’Algérie.

C’est grâce à lui que les publications de statistique officielle commencent à permettre au public de se rendre compte un peu plus exactement des réalités diverses de l’Algérie. Je crois que les chefs de service n’ont plus pour consigne de dire la vérité qui plaît, mais tout simplement la vérité.

C’est ainsi que dans le volume 1904 donnant les statistiques 1902 figurent, au chapitre température, les extrêmes. Il est vrai que c’est des extrêmes qui ne sont pas encore l’expression de la vérité, car il n’y est indiqué pour Alger aucun au-dessous de zéro. Et il y en eut.

J’ai passé la fin de l’hiver 1902-1903, et tout l’hiver 1903-1904 en Algérie. J’y ai gelé. Rentrant un soir à l’hôtel, à Alger, en mars 1903, j’ai vu des flaques d’eau congelées.