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charge hypothécaire de 1.500 millions. Je ne parle pas du prix d’achat, des sommes de mise en valeur et d’entretien successivement englouties dans l’instrument foncier et ayant appartenu aux propriétaires. Je parle seulement de leur dette. Chaque année avant de manger, avant de consacrer un sou au travail, avant de faire n’importe quelle dépense d’entretien ou de production, la collectivité des propriétaires européens d’Algérie doit inscrire à son passif plus de quatre-vingt-dix millions.

Ainsi, maintenant pouvons-nous affirmer sans craindre la contradiction que, de tous les points de vue, « l’affaire Algérie » est mauvaise.

M. Ch. Gide a soutenu « que les conséquences heureuses ou funestes de notre expansion coloniale se feront sentir dans l’avenir le plus éloigné ».

La somme des conséquences funestes est telle aujourd’hui qu’il apparaît difficile que celle des conséquences heureuses puisse jamais l’égaler.

Dans un pays à natalité décroissante comme la France, la disparition en peu d’années des 300.000 mâles que nous coûte l’Algérie constitue une perte irréparable.

Dans un pays où l’industrie (étant donné l’éveil industriel mondial et la concurrence des outillages nouveaux) ne peut plus compter sur des profits illimités, l’inscription à la dette publique de milliards toujours productifs d’intérêts à payer, c’est un arriéré qu’on liquide peut-être, mais qu’on ne regagne point.

Quant au profit politique… nous avons vu que les Européens dont l’établissement dans cette colonie nous coûte si cher, et en sang et en or, nous paient ce sang et cet or par des menaces de sécession.

Dans un prochain ouvrage je montrerai comment