Page:Hess - La Vérité sur l’Algérie, 1905.pdf/424

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faillite, car c’est la métropole qui paye ses déficits. C’est le cas de l’Algérie.

Vous voyez donc qu’il est regrettable que l’import dépasse l’export.

M. Leroy-Beaulieu n’a pas vu cela. Ne dites point que je m’acharne. Je cite. En 1882 l’augure écrivait :

« Que les importations dépassent les exportations, ce n’est pas un fait extraordinaire ni regrettable.

« Il est des raisons spéciales pour que toutes les colonies dans la période de l’enfance et de l’adolescence reçoivent plus de l’étranger qu’elles ne lui rendent. Elles attirent les capitaux et c’est le plus souvent sous la forme de marchandises, d’approvisionnements, de machines, que les capitaux s’y introduisent. La métropole entretient en Algérie une armée considérable, c’est encore une source de dépenses qui permet, qui nécessite même un excédent d’importation. Il se passera vingt ou trente ans, peut-être davantage, avant que les exportations algériennes s’élèvent au chiffre des importations, mais on ne saurait ni s’en plaindre, ni même le regretter.

« Un propriétaire qui crée une ferme dans une contrée inculte y apporte pendant longtemps beaucoup plus d’argent qu’il n’en tire : ce n’est pas une cause d’appauvrissement si la ferme gagne en valeur, si elle donne des résultats croissants. Une nation qui colonise est comme ce propriétaire avec cette seule différence que ce qui dure pour l’un sept ou huit années se prolonge pour l’autre pendant un espace dix ou douze fois plus grand. L’Algérie démontre chaque année que les sacrifices qu’on fait pour elle ne sont pas perdus. Son commerce extérieur qui s’est élevé en 1880 à 472 millions dépassera probablement un milliard dans dix ans et atteindra peut-être deux milliards au commencement du vingtième siècle. »

Prédire l’avenir est dangereux… M. Leroy-Beaulieu voyait un milliard de commerce pour 1892. Il voyait double ! Deux milliards pour 1900. Il voyait quadruple ! Ses prévisions valent ses raisonnements. Parce que la plus grande partie des sommes que la colonie coûte annuellement à la métropole entre dans la colonie sous forme de marchandises, d’approvi-