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« Il est incontestable que, dans une colonie, la terre doit changer plus souvent de mains que dans la métropole. »

Ne cherchez pas. C’est du Leroy-Beaulieu. Et c’est odieux. La terre doit changer souvent de mains. La loi coloniale… la loi de colonisation de l’économiste, du capital.

La terre est gratuite. On la donne. Un cadeau. Un pauvre diable s’y éreinte, s’y endette. Puis il passe la main. Un demi-pauvre diable la prend. Il s’y éreinte, il s’y ruine. Et la main repasse… jusqu’au pur capitaliste, lequel dit avec son pontife que tout ira pour le mieux « quand la crise que traverse l’agriculture sera atténuée et que celle de la propriété sera liquidée ». Changements de mains, liquidation…

Non, non. Il n’est pas bon que la terre change de mains. Il est abominable que la fatigue, la peine, la mort des premières mains profitent aux paresses de ceux à qui l’argent permet, pour avoir et exploiter, de louer des mains nouvelles qui ne gagneront rien.

Il y a de ce mauvais esprit d’exploitation capitaliste en la faveur qui s’attache à la colonisation officielle, quoique cette colonisation paraisse essentiellement une manifestation de socialisme d’État.

La colonisation agricole de l’Algérie, dans l’esprit de quelques braves gens, dans le dessein primitif de la masse des colons, ce fut une entreprise de culture, de création de richesse. En fait, c’est devenu plus une spéculation qu’une saine besogne.

Goûtez cet échange d’observations entre le directeur de l’agriculture et M. Vinci, aux Délégations financières de 1904 (2e vol., 2e partie, page 124) :


« M. de Peyerimhoff. Le but de l’administration est de couper court à ces tentatives de spéculation sur les concessions, qui se