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d’une façon d’autant plus inéluctable que, la colonisation s’étendant chaque jour davantage, les pâturages d’été des nomades se trouvent de plus en plus réduits. »


Sur ce propos de l’eau potable nécessaire, je me rappelle avoir lu jadis (malheureusement je ne retrouve pas où) qu’un homme ingénieux avait proposé d’attacher au cou de chaque mouton un barillet plein d’eau, pour qu’un plus vaste parcours fût à la disposition du troupeau sur les steppes sans sources. Il y a une autre histoire de moutons fort joyeuse.

Aux temps des grandes luttes entre opportunistes et radicaux, non contents de s’entre-déchirer sur des propos politiques, les partis mirent le mouton dans leur bataille. Un soutint que la race à petite queue sauverait l’élevage algérien. L’autre prétendit que le salut ne pouvait venir que de la race à grosse queue. Et l’on se battit là-dessus. Un des partis fit même venir un publiciste de Paris pour défendre la race au pouvoir. Quand M. Hugues Le Roux fera du vaudeville, ses souvenirs lui donneront thèmes à succès.

Les statistiques de 1902, publiées en 1904, permettaient de croire que non seulement il n’y aurait pas de diminution nouvelle, qu’il y aurait même augmentation.

Mais dans cette Algérie, où les statistiques officielles nous montrent de si belles moyennes de température, dans ce pays chaud les froids de l’hiver 1903-1904 ont tué plus de la moitié du troupeau algérien. Les moutons qui résistaient à la gelée ne résistaient pas à la faim sur le pâturage gelé. Sur certains points, la perte fut de 80 %. En avril 1904, les bouchers d’Alger augmentaient de 7 sous le prix du kilogramme de viande de mouton.

En mai 1904, M. Jonnart disait en son discours au Conseil supérieur :