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richesse agricole sur la mesure du troupeau, ce n’est pas les chiffres de l’exportation qu’il faut donner, mais ceux du nombre d’animaux du troupeau.

Je cherche ces chiffres dans les statistiques officielles, et je trouve que :

En 1888, il y avait 10.998.403 moutons ;

En 1900, il en reste 6.723.952.

Une diminution de plus de 4 millions d’animaux en douze ans. Ne dites pas que c’est parce qu’on les exporte, car la diminution annuelle du troupeau est beaucoup plus forte que l’exportation. Et lors même que cette exportation serait une des causes majeures de la diminution du troupeau, cela prouverait encore qu’il y a là un vice économique. Lorsqu’on vend ses bêtes en telle proportion qu’on détruit le capital qui est le troupeau, c’est qu’on ne peut plus les nourrir ; et ce serait encore une des conséquences du refoulement.

C’est ce chiffre de 10 millions tombant à 6 millions qu’il fallait placer en regard du tableau des exportations pour être sincère. Et aussi convenait-il de dire également que, si l’Algérie exporte des moutons, du bétail, elle en reçoit par ailleurs. Trois cent mille moutons, quarante-deux mille têtes de gros bétail viennent du Maroc annuellement. Oran mange du bœuf grâce au Maroc.

Ce chiffre de 6.723.962 moutons pour 1900 ne laissa pas d’ennuyer l’administration. Elle l’avait imprimé à regret. Il fallait relever le troupeau pour 1901. Question de réclame… et aussi d’impôt. Des ordres sévères furent donnés pour qu’on n’oubliât rien. Vous n’imaginerez jamais ce que cela valut d’ennuis à l’administration active et à l’Arabe. Doubles pour celui-ci, car le fonctionnaire lui repassait les siens avec intérêts composés.