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sultat que celui de dépenser de l’argent. Qui ne sort pas de leur poche, hélas !

Cette espèce d’hommes est très curieuse à observer pour les dilettantes. Elle le serait plus encore pour les aliénistes. On l’honore aujourd’hui. Elle est fort en estime dans le monde officiel. Quand un fou veut faire pousser de la vigne au cap Saint-Jacques, on le subventionne. Un autre obtient que le « jardin colonial », on le fasse à Vincennes. Aussi comme ils savent que, plus ce qu’ils proposeront sera insensé, plus on les estimera sages, grands, ils débrident leur fantaisie. Du coton, des bananes, voilà ce qu’ils recommandent pour l’Algérie.

Le service botanique d’Alger, rendons-lui cette justice, ne fait pas que de telles recommandations. Ainsi j’ai lu dans le rapport du docteur Trabut joint par M. Revoil à l’exposé général de la situation :


« La culture du tabac ne peut prendre en Algérie une extension nouvelle qu’à la condition de livrer de bons produits. »


Et à cela, en même temps que léger reproche, étaient joints quelques conseils pour que les feuilles de tabac algérien ne tombassent point en concurrence avec celles des choux. La recommandation, vous le voyez, était bonne. Eh bien ! c’est la seule que l’Algérie trouva mauvaise et ne pardonne pas encore à l’infortuné docteur Trabut. Aussi pourquoi ne borne-t-il pas son apostolat à prêcher la culture des agaves ?

Dans le talus d’une route près d’Alger, il y a des trous que les pauvres diables utilisent pour abriter leur misère quand nul propriétaire ne veut plus d’eux. Ils n’y paressent point. Ils travaillent. Avec les fils qu’ils extraient des agaves, ils confectionnent des mèches de fouet. J’ai causé avec un de ces indus-