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et le sera toujours. Aussi — toujours exception faite des trois îlots que vous savez — le rendement des terres algériennes en céréales est, fut et sera toujours naturellement médiocre. Les agronomes ont constaté cette infériorité du pâturage. Ils ont proclamé la nécessité de « doter » l’Algérie d’un pâturage nouveau, meilleur. On chercha tout.

Le « vieil Algérien » qui écrivait ses lettres au Temps en 1894 voulait le salut par le sulla. Un rédacteur de ce journal, un excellent reporter des potins officiels, M. Bourde crut celle-là… Et ça coûta beaucoup d’argent à la Tunisie. Notre excellent confrère avait un flair spécial pour accueillir et faire siennes les idées pratiques.

Mon ami Louis Say fut un moment l’apôtre de l’autruche. Mais c’était simple question de plumes. Celle de M. Bourde l’élargit. M. Bourde estimait frivole une domestication de l’autruche à destination des seules modistes. J’ai noté qu’il proposa très sérieusement de dresser l’autruche… pour l’atteler ! Après l’avoir fait sortir de la rédaction du Temps, ces idées pratiques l’y ont ramené. Pas l’autruche, M. Bourde.

Excusons-le d’avoir cru à la rédemption coloniale par la fourragère-messie du fermier de Sétif. Il ne fut pas le seul.

Dans cette question du sulla, comme il y avait une « bourde » à commettre, M. P. Leroy-Beaulieu ne pouvait y manquer. Il écrivait en 1897 :


« Une découverte qui pourra aider au développement du bétail est celle d’un excellent fourrage naturel, le sainfoin nord-africain ou sulla. Cette plante vient naturellement et abondamment dans les vallons frais de toute l’ancienne Berbérie. Il s’agit de la répandre par les ensemencements. Ceux-ci sont assez malaisés à faire réussir ; mais, en s’ingéniant et en persévérant, on y parviendra. »