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plus. Moi pas davantage. Il n’y a que M. Revoil qui ait compris.


CHAPITRE XII

Le pâturage et la culture.


Il y a une relation rigoureuse entre l’étendue des diverses cultures agricoles et celle du pâturage. C’est le pâturage qui nourrit le bétail et c’est le bétail qui permet la restitution par engrais. Il y a bien l’engrais chimique, l’engrais apporté de loin. Mais il coûte cher et n’est possible que lorsque le produit de la culture est destiné à la vente et que le prix en est suffisamment élevé. Quand une crise rend le vin cher en France, on peut, vendant cher le vin d’Algérie, donner de l’engrais cher aux vignes d’Algérie. C’est déjà moins possible pour les céréales. Voyez, même en France, où la culture du blé en certaines régions a diminué le pâturage. L’engrais cher a fait le blé cher et le pain cher, et par choc en retour augmenté les charges du cultivateur qui ensuite a peine à payer l’engrais.

L’agriculture rationnelle — qu’il ne faut pas confondre avec l’industrielle — c’est l’industrialisation du labeur de la terre qui tue ce labeur[1] — l’agriculture rationnelle exige dans le même canton, dans un « rayon de transports bon marché » et le pâturage et les autres cultures. C’est la richesse du pâturage qui règle mathématiquement la richesse des autres cultures. Le pâturage algérien — hors les quelques plaines grasses — est naturellement maigre, le fut

  1. Cela fera « bondir » mon excellent ami Émile Gautier, mais cela est ainsi.