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déboisons, toujours à prix d’argent, nous sommes des civilisés, des économistes civilisés… L’exposé de M. Revoil qui est forcé d’avouer notre déboisement économique et civilisateur semble avoir prévu le reproche, car il dit aussitôt :


« Il est bon d’ajouter que dans certaines régions à relief peu accentué le déboisement ne présente pas d’inconvénients au point de vue du maintien des terres sur les pentes et du régime des cours d’eau. Toutefois, comme la disparition de la végétation forestière sur de trop grandes surfaces pourrait avoir une répercussion fâcheuse sur la climatologie générale du pays, en particulier sur le régime des pluies, ces opérations continueront d’être étudiées avec le double souci de donner à la colonisation de cette partie de l’Algérie le développement qu’elle comporte et de conserver à l’état boisé une étendue suffisante pour ne pas troubler l’équilibre du climat. »


C’est une bien louable intention de l’administration algérienne que de ne pas vouloir « troubler l’équilibre du climat »… tout en le troublant.

Il y a là des subtilités… troublantes.

Mais réfléchissez un instant. Rappelez-vous dans le rapport de Jules Ferry le passage tragique nous montrant l’Arabe chassé de la forêt où il vivait depuis des siècles. Quand cet expulsé demande pourquoi ses bestiaux ne peuvent plus manger l’herbe qui croît plus fraîche et plus drue à l’ombre des arbres, on lui répond que cela compromettrait l’existence de la forêt, que « l’équilibre du climat » risquerait d’être « troublé » à chaque pousse mangée par un veau, par une génisse indocile… en tant qu’on prenne la peine de lui répondre. Il ne comprend pas bien. Mais il obéit. Le maître veut qu’on respecte la forêt. L’indigène s’en va… conduit ses troupeaux crever sur la ronce maigre des espaces caillouteux… pour que cette forêt dans laquelle il vivait… on la coupe… Alors il ne comprend plus rien. Vous non