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Il y a des choux-fleurs de trois pieds de diamètre… Les plantes fourragères atteignent sans culture une hauteur telle que les cavaliers disparaissent dans leurs fourrés… Pendant l’hiver, au lieu d’une nappe de neige à la teinte uniforme, on voit s’étendre sur les coteaux de riches tapis de tulipes, de renoncules, d’anémones, etc. »


Cela, dans le livre qui faisait l’opinion moyenne en 1844, dans le livre documenté par le gouvernement. Les gens butés à la conquête et à la colonisation extensives de l’Algérie « pays chaud » rendaient lyriques non seulement les vulgarisateurs de la maison Furne, mais aussi les économistes de la Revue des Deux Mondes qui écrivaient :


« … Nature dont le charme puissant rappelle toujours vers l’Algérie le cœur de ceux qui y ont une fois vécu.

« Les nuits y brillent d’une incomparable magnificence, et l’on peut jouir de leurs calmes harmonies sans aucune impression de froid. Les journées d’hiver sont si tièdes, les soirées d’été ventilées par de si fraîches brises que l’Europe et la France même paraissent longtemps inhabitables à qui s’est habitué à ce doux climat. »


Là-dessus le bourgeois qui lisait cette prose en 1849 prenait une action des cultures de pays chaud en Algérie, une de ces jolies feuilles à vignettes qu’on retrouve en nettoyant les greniers de province, aux vieux papiers.

Si l’héritier, pour se documenter sur la naïveté de l’aïeul, ouvre l’atlas Vivien de Saint-Martin de la maison Hachette, il lit : L’Algérie,


« Par sa position en latitude appartient aux climats chauds ; mais sa configuration physique sur un espace de quatre degrés, du nord au sud, lui donne toutes les températures et toutes les productions, depuis le climat des tropiques jusqu’aux hivers des pays rigoureux du Nord. »