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« Toutes les fois que la réalité a répondu aux promesses, c’est-à-dire toutes les fois que la colonisation a eu la bonne fortune de rencontrer une culture donnant des bénéfices, les colons ont afflué… »


Et le vieil Algérien » cite les succès dans les plaines de la Mitidja, de Sidi-bel-Abbès, de la Seybouse… les premiers succès de la vigne aux « beaux jours » du phylloxéra français.

Mais notons que la colonisation des belles plaines à céréales ce fut un changement de cultivateurs ; des Européens mis à la place des Arabes. Sur cette partie relativement infime du sol algérien la colonisation de remplacement est une bonne affaire pour ceux qui furent appelés à en bénéficier. Mais le reste ! Écoutez la plainte du « vieil Algérien ». Elle tient tout entière en ces mots : « L’agriculture algérienne est une agriculture qui ne paie pas. » Et pourquoi ? ajoute-t-il. Parce que, sauf dans les régions naturellement très riches, la colonisation européenne n’a trouvé qu’une terre appauvrie, sur laquelle on a fait une agriculture qui ne valait, qui ne pouvait valoir mieux que celle de l’Arabe. Si moi philosophe je disais cela on me traiterait de diffamateur ignorant, incompétent. Mais ce n’est pas moi qui le dis. Lisez notre « vieil Algérien ». Il est des plus intéressants cet homme du métier, de qui le Temps publiait les observations compétentes :


« Presque toutes, je devrais dire toutes les exploitations européennes ont conservé l’assolement arabe, céréales et jachères, le plus misérable de tous les assolements. Elles en sont où en étaient les plus arriérées des fermes françaises…

« Les colons ont substitué nos charrues perfectionnées à l’araire indigène. C’est la seule modification importante qu’ils aient apportée aux pratiques arabes. Ils labourent plus profondément et mieux, mais n’étant pas soutenus par un emploi judicieux des fumures, ces labours profonds n’ont qu’un effet passager. À la