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cette production, sans savoir le prix coûtant, sans savoir les charges de toute nature, fiscales sur la production indigène, hypothécaires, d’intérêts usuraires sur la production européenne, on pourrait croire ce que psalmodient les thuriféraires, que l’agriculture algérienne c’est la bonne, c’est l’excellente affaire.

Hélas ! pour ceux qui sont dans l’engrenage, la réalité lorsqu’on établit le prix coûtant, le prix de revient quand on fait le bilan complet, est moins brillante.

La colonisation agricole, disons tout court la colonisation en Algérie, ce fut toujours beaucoup d’appelés, peu d’élus. Sur certains points pas un élu. Pas besoin de longues explorations pour trouver ces points. Sur le parcours de la ligne Alger-Constantine on voit plus d’une ruine éloquente. Pour la fortune promise ce fut la misère souvent. Cela de tout temps, au lendemain de la conquête aussi bien qu’aujourd’hui… et j’ajouterai aussi bien que demain.

Il y a dix ans, le Temps publiait une série d’articles remarquables signés « Un vieil Algérien ». Malgré le coup de veine de la vigne en 1903 (coïncidant, ne l’oublions pas, avec un formidable coup de déveine des vignes métropolitaines) les réflexions de l’auteur de ces articles sont encore d’actualité. C’est celles qui me seraient venues sous la plume si je n’avais été, les trouvant imprimées, dispensé de les écrire moi-même.


« Quand on invite les Français à venir coloniser l’Algérie, écrit notre « vieil Algérien », qu’est-ce que cela veut dire ?

« Cela veut dire qu’on les invite à venir y gagner de l’argent dans les entreprises agricoles. Si ce n’était dans l’espoir d’un sort meilleur pourquoi quitterait-on son pays ?