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« Pour arriver à se rendre compte de la charge hypothécaire qui pèse sur l’Algérie, on ne possède qu’un seul document établi en 1887, qui indique qu’à cette époque il y avait pour :

« 105 millions d’hypothèques judiciaires et 604 millions d’hypothèques conventionnelles (dont 300 millions sur la propriété bâtie et 301 militons sur la propriété non bâtie), sans compter environ 3 à 400 millions de dettes chirographaires portant pour près des deux tiers sur la propriété non bâtie.

« L’établissement d’un relevé analogue, pour la situation à l’heure présente, eût nécessité un travail très considérable et très long qu’il ne sera possible de faire que plus tard. »


En réalité, c’est la répugnance des gens qui ont les renseignements à les livrer, même aux agents du gouvernement général, même au gouverneur, qui rend « considérable et long » le travail du bureau de statistique. L’esprit de méfiance, qui était normal sous la tyrannie des deys, existe toujours et n’a même fait que se développer en évaluant dans ce pays. Demandez renseignement sur n’importe quoi, à n’importe qui, toujours, celui à qui vous vous adressez croit que c’est « contre » lui. Et qu’il doit, ou ne pas répondre, ou tromper. Quand un secrétaire du dey enquêtait, les sujets du prince avaient peut-être raison de craindre. Mais des citoyens !… Ils ont cependant toujours peur. Lorsqu’on voulut savoir combien il y a de plantations de tabac, ce qu’elles produisent, l’histoire fut joyeuse. On parlait d’un impôt possible ; qu’on en cherchait l’assiette ; or, passez-moi ce langage trivial, en Algérie, chacun veut bien l’assiette au beurre, mais pour l’assiette de l’impôt, c’est autre chanson. La première c’est l’hostie. L’autre c’est poison. Aussi, quand on demande un travail quelconque de renseignements aux pauvres gens de la statistique, c’est pour eux travail considérable et long ». Partout ils sont reçus comme jadis les envoyés des deys. Ils ont cependant pu