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M. Jonnart est un orateur précis. Nous pouvons regretter qu’il n’ait point dit quels sacrifices, les sacrifices de qui !…

Mais ce qu’il ne nous a point dit, nous pouvons le demander à l’Algérie. Parcourons le compte rendu des séances des Délégations financières.

Nous y voyons qu’en l’assemblée du 14 mars 1904 M. Vinci constate que « ce n’est pas avec une joie complète que l’Algérie accueille le nouveau régime des chemins de fer » et signale « à l’attention des Délégations la possible éventualité de nouveaux impôts ».

Que M. de Soliers dit :

« Certainement la souveraineté nationale a le droit de nous imposer ce qu’elle veut, mais encore faut-il que le droit qu’elle exerce soit dans la mesure de nos forces contributives ; sinon elle détruira l’équilibre du budget algérien ou rendra nécessaire l’établissement de nouveaux impôts, ce qui serait mortel pour l’avenir de ce pays. Voilà le danger.

« Les populations seront heureuses d’avoir leurs chemins de fer entre les mains et elles sont disposées à féliciter M. le gouverneur général du résultat qu’il a obtenu, mais quand la remise du réseau d’intérêt général se traduira par de nouveaux impôts très lourds à supporter, c’est contre les Délégations financières qu’elles se retourneront pour exprimer leur mécontentement, alors que nous n’y serons pour rien. C’est pourquoi il faut dès aujourd’hui faire nos réserves et dire aux populations :

« Vous avez voulu vos chemins de fer, vous les aurez, mais il faut vous attendre à payer de nouveaux impôts. »

Notons qu’à ce propos les délégués financiers algériens manifestèrent de tels sentiments contre la métropole et le Parlement que M. Jullien, qui assistait à la séance en qualité de commissaire du gouvernement, fut obligé de les rappeler aux convenances en disant qu’il trouvait « le débat un peu hasardé ».