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rien cette thèse en tant de l’application à l’Algérie.

Donc, suivant que les régions à coloniser sont froides, tempérées ou chaudes, la nature y permet la culture des végétaux que ne tue pas le froid, qui ont assez de chaleur dans les climats tempérés ou qui n’en ont pas trop dans les pays chauds. Ces végétaux, les lois d’adaptation des êtres vivants aux climats actuels depuis assez longtemps les ont sériés pour qu’on les connaisse. La science peut en régler logiquement la culture dans les régions à climat nettement défini. Un gouvernement renseigné a le droit de la pratiquer lui-même, de l’ordonner à ses sujets, de la recommander à ses obligés en même temps qu’il a le devoir de la favoriser chez tous les citoyens. (En Cochinchine on sait que le développement des cultures de riz, c’est la fortune ; le gouvernement subventionne des essais de vigne ! nous verrons plus loin ce qu’on fit en Algérie.)

Mais, que les régions à coloniser aient un climat excessif, avec de tels écarts de température qu’on puisse, d’après la saison, le jour et l’heure, dire ces régions et froides et tempérées et chaudes, alors, appartenant successivement, dans un ordre par ailleurs très variable, aux trois climats types, elles ne sont réellement d’aucun. Aussi nulle des cultures spéciales aux climats spéciaux, certaines dans les climats certains, n’est pratique, n’est raisonnable dans les climats excessifs où le risque des températures extrêmes les condamne. La colonisation agricole y devient une spéculation, une loterie que ni la raison ni la science ne donnent aux gouvernements le droit de pratiquer, d’ordonner, de recommander, de favoriser. Cela est d’une logique absolue. Vous vous en souviendrez quand nous parlerons de la colonisation des Hauts Plateaux.