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qui se croient sérieux règne l’esprit messianique. On croit à la toute-puissante vertu, régénératrice immédiate de certains noms en affaires, comme les pauvres diables croient aux messies. Pris par l’État, les chemins de fer d’Algérie ce sera une affaire d’or. C’est bien ce que dit M. Bourrat. Pris par la colonie les mêmes chemins, affaire de diamant… Il faut, hélas ! comme en tout, savoir distinguer. Il est possible que pris par la colonie les chemins de fer algériens permettent aux gros entrepreneurs, aux courtiers influents de semer quelques diamants.

Je ne crois pas cependant que cela permettra aux contribuables d’en acheter beaucoup sur leurs économies d’impôts…

Il est méchant de souffler sur les illusions des vierges. Mais il est sage de faire tomber celles des contribuables.

En soi, l’affaire des chemins algériens n’est pas merveilleuse du tout. Elle n’est même pas bonne.

M. Bourrat pour l’affirmer excellente, il est vrai, se trouvait réduit à invoquer l’autorité de M. Joseph Chailley-Bert, lequel ayant découvert que l’Inde n’est pas plus riche que l’Algérie prétend que notre colonie, au lieu de faire 8.600 francs de recette kilométrique annuelle sur ses chemins de fer, pourrait, avec organisation meilleure, en faire 15.330 comme l’Inde. À cette sottise de « l’éminent colonial » invoqué par M. Bourrat M. Jonnart a justement répondu que l’Inde est plus peuplée. On pourrait ajouter : et qu’elle a des industries, et que d’ailleurs l’ensemble des conditions de ces deux colonies ne permet point qu’on les compare ainsi.

Le revenu des chemins algériens doit être prévu médiocre.

Écoutons M. Baudin :