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bilité, et que la dépense soit payée par la métropole, suffit-il pour qu’en réalité ces 94 millions soient rayés de ce que coûte l’Algérie ? Chez les enfants qui vont au spectacle de Robert Houdin peut-être. Mais pas chez des hommes raisonnables.

Maintenant, si nous ouvrons la Statistique générale de l’Algérie, année 1902, statistique financière, page 170, nous voyons figurer au chapitre des recettes 3.117.747 francs de fonds d’emprunt !!!

C’est ainsi que l’Algérie fabrique les excédents dont la réclame lui permet de dire qu’elle peut gager ses emprunts… Notez qu’il n’y a là rien qui puisse inquiéter les souscripteurs passés ou à venir des emprunts algériens, car l’Algérie c’est tout de même la France, et derrière la garantie nominale apparente de l’Algérie, toujours il y a celle de la France, qui n’est pas nominale, mais réelle. Comme pour toutes les autres colonies d’ailleurs. En réalité tous les emprunts coloniaux, les algériens comme les autres, sont des emprunts français d’État ; leur charge grève la dette métropolitaine aussi effectivement que s’ils avaient été émis par le ministre des finances de la métropole. Ils sont plus chers, voilà tout. Leur qualité d’emprunts coloniaux, c’est une fiction qui permet : 1o à quelques frères et amis de gagner leur vie dans l’émission ; 2o aux colonies de faire croire à la métropole que c’est les colonies qui s’endettent et pas la métropole.

Les fictions de ce genre amaigrissent la France. Mais elles engraissent quelques Français.

La subtilité parlementaire en cet ordre de faits est exquise.

Je ne veux pas faire ici l’histoire du budget algérien. Il me suffit de retenir le fait que, pour y trouver des excédents, on y incorpore les recettes d’emprunt.