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budget. Cela s’imprime dans les publications officielles. Depuis que Burdeau est mort, cela se dit au Parlement, sans que personne proteste. Étienne le chante et le fait chanter dans tous les groupements coloniaux et le public, le bon public, tout le monde croit cela !

Y aurait-il donc en nos modes de gouvernement, d’administration, de comptabilité, un rappel des mentalités impériales et religieuses des anciens royaumes d’Asie, un rappel de ce qui donne à la papauté son caractère surhumain ? Le roi d’Asie ne peut être soumis aux bobos de l’humanité parce qu’il est d’essence, d’émanation divine. Le pape des catholiques ne peut se tromper à cause de l’intelligence divine qui l’éclaire, qui même est devenue la sienne.

En serait-il de même pour nos budgets d’État ? Un budget d’État, même établi par des gens incapables de gérer leurs affaires personnelles, et réglé en déficit, ne pourrait-il nous apparaître bancal, boiteux, par cette unique raison qu’il est d’État, qu’il est quelque chose de royal, d’impérial, de religieux, de divin, et que nos cerveaux sont encore creusés par les sillons des bandelettes asiatiques dont la compression fit jadis monter en l’esprit des hommes l’idée du mystère, cette idée aussi réelle et d’effet aussi puissant que certains engorgements pathologiques dont on constate les suites, mais dont on serait embarrassé de dire quelle forme, quel poids, quel volume, quelle couleur ils ont et de quelle nature ils sont ?

Serait-ce en vertu du mystère dont nous portons en nous, les uns et les autres, tous, l’idée, la puissance active ou passive, que la foule accepte la notion d’excédents algériens pour 1901, sans se