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Un phénomène que l’on doit noter également dans cet ordre de faits du séparatisme est celui-ci :

L’influence du pays, du climat, du fractionnement géographique des régions, de la « loi du travail local » a toujours agi sur les habitants de l’Afrique du Nord en « fractionnant » les peuples, en les « particularisant ». Les auteurs en constatant ce phénomène dans le peuplement arabe en ont même tiré cette conclusion que le musulman n’avait pas l’idée de patrie, etc., etc…

Lisez cette coupure du Colon oranais, avril 1903 :


« L’émotion qui, dit-on, s’est emparée de la population algérienne en apprenant la démission de M. Revoil nous semblerait fort compréhensible. L’ex-gouverneur avait, en effet, pour le département d’Alger des tendresses de père. Il lui aurait sacrifié, sans aucun scrupule et jusqu’à la dernière prérogative, les intérêts les plus sacrés des deux autres départements si ceux-ci n’avaient fait bonne garde et montré les dents. Le défunt gouverneur était — ce n’est un secret pour personne — centralisateur à outrance.

« On comprendra que, dans ces conditions, nous éprouvions quelques hésitations à mêler nos regrets à ceux des Algérois et à nous associer à la douleur qu’exprime si éloquemment, en leur nom, la Dépêche algérienne. »


J’en pourrais reproduire des milliers qui montrent le même esprit particulariste sur tout propos. Quelques semaines en Algérie suffisent à l’observateur pour qu’il sache voir les manifestations de cet esprit particulariste qui ajoute un nouveau ridicule au sentiment séparatiste.

Les Algériens sont unis comme « race nouvelle » et contre la métropole et contre l’indigène.

Mais laissés « entre eux » leur union cesse, il n’y a plus d’Algériens. Il y a des Algérois, des Oranais, des Constantinois, etc., il y a des quantités de groupes locaux, particularistes à l’excès.