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firmait M. Casteran, écrivant dans un article du Sémaphore : « L’Algérie de 1904 ne ressemble pas à celle de 1898. Elle a opéré une évolution complète. » L’esprit des hommes — fussent-ils Algériens — ne change pas en six ans ; même celui du fameux invalide à la tête de bois, car, si mes souvenirs sont exacts, la chanson qui nous en égayait jadis affirmait que le tourneur, à chaque fois, n’en modifiait que la bouche aux fins d’en rajeunir la sensibilité aux liqueurs fortes, mais en respectait le cerveau. Quelques années suffisent peut-être aux Algériens pour qu’ils prennent le goût d’une nouvelle marque d’anisette ou d’absinthe ; mais la mentalité d’un groupe d’hommes ne change pas si vite. Je n’ai pas besoin de dire : ce changement ne saurait être. J’ai montré qu’il n’est pas.

Le sentiment séparatiste existe en Algérie :

1o En vertu des lois qui régissent l’évolution normale des sociétés humaines et rendent les colonies installées au loin de la métropole comparables à des filles établies hors de la maison de leur mère ;

2o En résultat de mobiles particuliers à l’Algérie. Ces mobiles sont que :

— L’élément français qui a dirigé la politique intérieure de l’Algérie était un élément d’origine hostile au gouvernement de la métropole. Seeley a montré le dissentiment religieux de l’origine des colonies anglaises de l’Amérique du Nord agissant dans la sécession. J’ai dit plus haut le dissentiment politique de l’origine du peuplement français d’Algérie. Il agit dans le séparatisme d’aujourd’hui.

— L’élément qui domine le peuplement européen et influence violemment le peuplement français d’Algérie est étranger.

Le caractère du séparatisme algérien diffère de