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urgents ». Et ils s’étonnent que M. Barthou ait vu là un « spectre » de Parlement algérien, séparatiste !

C’est que M. Barthou voyait comme M. Burdeau. On sait que M. Burdeau affirmait que l’autonomie financière donnée à l’Algérie était l’acheminement vers l’autonomie politique. « Le pas à franchir » signalé plus haut chez M. de Peyerimhoff.


§ VII

Le séparatisme et l’autonomie financière de 1900.


Grâce au chantage de la rébellion antisémite l’Algérie obtint son autonomie financière.

Dès le mois de mai 1900, M. Pourquery de Boisserin en suite de son enquête en Algérie avait dit :


« D’excellents esprits, non les moins clairvoyants, ont vu dans l’autonomie financière le point de départ d’un mouvement fatalement appelé à se compléter, dans un délai plus ou moins éloigné, par l’autonomie politique, le séparatisme pour dire le mot.

« L’objection est grave. L’enquête nous a malheureusement révélé qu’il existait en Algérie les germes d’un esprit particulier, indéniable, avoué. Il est le fruit malsain de bien des causes. Sans danger immédiat il peut devenir un péril.

« Les Français d’origine que les liens d’intérêt de famille attachent à la mère-patrie qu’ils aiment avec le sentiment puissant fait des souffrances, des espérances communes, du souvenir des gloires et des défaites héroïques, de la pensée reportée vers ce coin de terre où les pères ont vécu, sont enserrés au milieu d’une population étrangère prolifique qui ne connaît pas la France. Naturalisés globalement par des lois successives toutes regrettées, ces étrangers qui n’avaient pas sollicité le titre de citoyen français n’en comprennent pas la grandeur ; ils n’en aiment pas les devoirs. Un grand nombre, pour ne pas dire tous, parlent et pensent dans une autre langue. Les souvenirs, les intérêts les écartent de nous, et très lentement vien-