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La sagesse du Télégramme nous paraît, à nous, folie, et le calme de ses rédacteurs une épilepsie. Mais, en Algérie, c’était sagesse et calme. Cette sagesse recommandait :


« … L’autonomie coloniale, que certains traduiront par l’expression plus énergique encore de « Séparation ». L’avenir seul apprendra si ces tendances isolatrices sont favorables à la prospérité de ce pays. Dans tous les cas, les procédés déplorables de la métropole, à l’égard de sa pupille, ont presque légitimé les idées les plus radicales à ce sujet. Il ne faudra pas oublier cela lorsque, plus tard, le moment sera venu d’établir les responsabilités de sécession, si jamais la scission morale, qui se prononce de plus en plus aujourd’hui, faisait arriver les choses jusqu’à ce point. »


Je n’imagine pas, je ne calomnie point. J’ai lu et je cite. Relisez. Et rappelez-vous bien que cela était calculé, pesé, dosé, voulu, pour prévenir la métropole que, si elle ne cédait pas de bon gré, elle céderait de force.

Ce qui s’imprimait à Alger, M. Forcioli le disait à la tribune en ces termes :


« … Il arriverait peut-être un jour où les intérêts de la colonie ne seraient pas d’accord avec les intérêts de la métropole, et alors la désaffection commencerait.

« Il me semble que l’insurrection de la République américaine n’est pas déjà si loin, que nous ayons pu oublier que c’est justement parce que la métropole avait voulu mettre des droits qui paraissaient trop lourds à la colonie, que celle-ci s’est soulevée.

« Je ne dis pas que l’Algérie se désaffectionnera de la France dès la première ou la seconde génération ; non, il y a encore trop de liens entre elle et notre colonie… » (Séance du 7 novembre 1896.)


M. Forcioli annonçait ainsi — dans cette jolie manœuvre de chantage national — que la désaffection commencerait à la troisième génération d’Algériens…