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Le Parlement algérien, nous allons le voir plus loin, n’admet déjà plus qu’une loi française soit applicable en Algérie sans son autorisation !

C’est cet état d’esprit fatal que les sages prévoyaient, vers 1880, et c’est pour essayer d’en retarder les manifestations que furent signés, en 1881, les décrets de rattachement. Je n’écris pas que ce fut le bon moyen. Je dis simplement, ce qui est vrai, qu’ils furent décidés par essai de réaction contre les progrès de l’idée séparatiste en Algérie. Résultat : ils l’exaspérèrent. Les élections se firent contre l’assimilation et pour l’autonomie. M. Thomson faillit ne pas être élu, parce qu’on l’accusait d’être un assimilateur.

Entre temps, et pendant que l’Algérie s’organisait pour forcer la métropole à lui donner l’autonomie, préparait l’agitation antisémite, une agitation de « chantage » séparatiste, où l’on a visé moins le juif que l’autorité de la métropole (M. Crispo, frère du Crispo de Garibaldi, m’a dit : « Nous n’avons pas voté pour Drumont, nous avons voté contre Lépine ») ; pendant que s’élaborait une véritable rébellion, les écrivains autorisés de la métropole, les savants qui donnent aux hommes politiques des opinions mâchées, écrivaient :

« Depuis 1770, aucune colonie ne s’est séparée de l’Angleterre ; depuis le premier quart du siècle, aucune colonie ne s’est séparée de l’Espagne, quelque vicieuse qu’ait été son administration de l’île de Cuba. Nul fait analogue à la déclaration de Philadelphie ou au succès d’Iturbide et de Bolivar ne s’est plus produit dans le monde colonial européen. L’Algérie prête à moins d’inquiétude qu’aucune autre colonie, bien qu’il y ait, là aussi, tout comme d’ailleurs à Paris, des agités et des rêveurs d’autonomie. Ils n’ignorent pas, cependant, que l’appui de la métropole sera toujours nécessaire, aux colons, pour se maintenir au milieu d’une population indigène sept ou huit