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et payés de France, la métropole payant en outre beaucoup d’autres services dont nous verrons, ailleurs, le détail. On hésitait. Car l’administration centrale, aussi bien sous l’Empire que sous la République, a toujours su les réalités algériennes. Quand le gouvernement fit des bêtises, il ne pécha jamais par ignorance, toujours par faiblesse. Or, ce mouvement autonomiste qui emportait l’Algérie, Paris le voyait et l’appréciait comme le voyaient et l’appréciaient les gens les moins « sorciers », quand ils allaient étudier la colonie. Sous l’étiquette d’autonomie, on reconnaissait le parti séparatiste de 1870.

M. Paul Bourde écrivait, en 1879, dans un volume de reportage algérien :


« … pour étouffer dans l’œuf le parti autonomiste, car il existe un parti autonomiste dans notre colonie, un parti qui rêve pour elle une existence à part à côté de celle de la France, un parti qui ne parle pas encore de la séparation, mais qui, inconsciemment, voudrait la préparer.

« Le soleil d’Afrique fait des tempéraments ardents ; les Algériens apportent dans les affaires publiques une propension bien marquée à l’impatience. Si déjà aujourd’hui ils contestaient la compétence du Parlement français dans les matières qui les concernent, que serait-ce si, pour une raison ou pour une autre, ce Parlement rejetait des projets préparés par l’assemblée de leurs élus ? Pour le coup, ils renieraient son autorité. L’opinion française soutiendrait le Parlement français ; l’opinion algérienne soutiendrait le Parlement algérien, et un antagonisme naîtrait entre ces deux pays. Je ne veux même pas songer à ce qui pourrait suivre. »


Aujourd’hui, on n’a pas besoin de « songer » à ce qui pourrait suivre, on n’a qu’à voir ce qui a suivi. On n’a qu’à noter l’état d’esprit de l’Algérie, qui oppose les Délégations financières au Parlement français et au gouverneur chargé de faire appliquer, en Algérie, les lois votées par le Parlement français.