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« La réunion publique a pris de son côté de viriles résolutions que la prudence ne nous permet pas d’indiquer autrement…

« Si les hommes de Versailles avaient été témoins des manifestations provoquées par la seule perspective du rétablissement du pouvoir abhorré, ils comprendraient qu’il est temps de s’arrêter dans une voie dont nous entrevoyons l’issue, car l’Algérie se sent assez forte maintenant pour faire respecter ses droits trop longtemps méconnus, au besoin pour voler de ses propres ailes. » (Indépendant du 4 avril 1871.)


À Constantine on disait « voler de ses propres ailes » ; à Alger, grâce à l’influence de M. Crispo et autres correspondants de Garibaldi le libérateur, on disait : Fara da se. »


§ IV

Après 1871.


Mais lorsque fut venu l’avertissement salutaire donné par les indigènes en leur insurrection de 1871, les révolutionnaires séparatistes d’Algérie comprirent que quelques chemises rouges ne suffisaient pas à la tâche de constituer — avec les Arabes d’un côté, la France de l’autre — une république algérienne gouvernée par les maires d’Alger. Ils mirent en portefeuille leur Fara da se et attendirent, mouillant leur doigt pour sentir d’où venait le vent, sifflant pour le faire venir.

Il vint, non plus séparatiste, autonomiste. Voici la réalité algérienne qu’habille ce mot français autonomie. C’est donner aux corps élus par les citoyens français d’Algérie, avec l’administration et le gouvernement, l’exploitation de quatre millions d’indigènes, maintenus en sujétion par les soldats venus