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reine, mais nous aurions effectivement notre autonomie, et la plus grande somme de liberté que nous saurions rêver, ici, même sous la République.

« L’Angleterre a pour principe de donner à toutes ses colonies un conseil électif et législatif, qui vote tous les impôts et en règle l’emploi. Il résulte de ce système une prospérité qui fait contraste avec l’état des colonies françaises.

« Voyez l’Île de France, voyez le Canada, deux colonies françaises cédées à l’Angleterre il y a un demi-siècle et un siècle. Ces colonies sont restées françaises par la langue et par le cœur, par les lois et les institutions. La première a vu tripler sa population pendant que sa voisine, l’Île de la Réunion, qui appartient encore à la France, languit stationnaire. La seconde avait 60.000 âmes quand elle a été cédée : elle a maintenant quatre millions d’âmes, dont un million de Français qui ont leurs députés, leur Parlement, leurs lois françaises d’autrefois et qui jouissent d’une prospérité assez indiquée par l’accroissement de leur population.

« Il en est de même de la Louisiane vendue par le premier Bonaparte aux Anglo-Saxons des États-Unis. Le drapeau britannique flottant à Alger, au-dessus de la maison d’un gouverneur anglais, ce spectacle nous crèverait le cœur, assurément ; mais en définitive, ce serait pour l’Algérie la prospérité, le progrès, un développement inouï de la colonisation. Non seulement les propriétés privées et les droits acquis seraient religieusement respectés, mais ils prendraient une valeur énorme, le travail serait abondant et mieux rétribué ; l’esprit d’entreprise et les capitaux féconderaient un sol que le gouvernement arabophile n’a fait qu’abandonner à la paresse musulmane.

« Mieux vaut cela, nous ne craignons pas de le dire, que d’appartenir à la France restituée à un Bonaparte quelconque, no 4 ou no 5. » (Journal l’Indépendant, 9 février 1871.)

« Quant à la protestation votée par le corps des officiers de la milice, nous l’avons lue, mais nous n’avons pas eu le temps d’en prendre copie.

« Ce que nous pouvons affirmer, c’est qu’elle est cent fois plus énergique encore que celle du conseil municipal, qu’elle est comminatoire et de nature à donner à réfléchir à ce gouvernement de Versailles qui, foulant aux pieds les légitimes aspirations de nos populations, finirait par exposer l’Algérie aux horreurs de la guerre civile que ses allures réactionnaires ont allumée en France.