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de tous les pays, se trouvait chez les colons de l’Algérie et sans qu’ils en eussent conscience, je veux bien le croire, augmenté, hâté par le fait de leur hostilité contre le régime impérial, que beaucoup se trouvaient amenés à confondre avec le régime français. La vie algérienne rend les gens prudents. On le vit pendant toute la période de l’Empire. Les républicains de la métropole combattaient l’empereur. Ceux d’Algérie — qui d’ailleurs n’avaient pas les mêmes droits politiques — se réservaient. Mais aussi quel élan, quelle force quand l’Empire fut tombé !


§ III

En 1870-71.


Nous avons sur le propos courage, vaillance, héroïsme, déjà vu quelle fut la conduite des Algériens. Ils sauvaient la patrie des attaques de la Prusse en attendant de pied ferme les bataillons allemands dans la Mitidja. Pour se faire la main ils assommaient un vieux général français, M. Walsin-Esterhazy, un vieillard qu’on leur avait donné pour gouverneur.

Assommaient n’est pas ici pour forcer l’image en rhétorique. Ils se livrèrent à des violences réelles sur la personne d’un vieillard désarmé, parce que ce vieillard, qui représentait chez eux non plus l’autorité de l’Empire, mais celle de la France républicaine, était un général.

Les émeutes d’Alger, le mouvement révolutionnaire de l’Algérie, ce fut alors tout à fait différent de ce qui se passait en France. Les républicains renversèrent l’empereur parce qu’il s’était laissé vaincre par les Allemands, et la Commune voulut prendre la