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Aussi les Algériens ont-ils protesté contre ce pauvre M. Sénac… je ne dirai pas, comme eux, avec la dernière énergie, car j’espère bien qu’ils en ont encore…

Peut-être aussi, quand ils protestent si violemment contre les gens qui constatent leur séparatisme, se passe-t-il dans leur esprit quelque chose de semblable à ce qu’on m’a conté sur le propos d’un homme vertueux de Saint-Eugène. C’est assez difficile à répéter. Mais c’est trop algérien pour que je n’essaie point.

Un né natif de Saint-Eugène, citoyen sage et probe, narre à son compère de Mustapha comment au jardin Marengo certain soir il connut un homme de la Cantère, un gars charmant,… qui… que… je vous en supplie comprenez sans plus… nous sommes dans les quartiers de Pepète le Bien-Aimé… bref un compagnon délicieux, qui était « rigolo comme pas un » et avec qui « on était devenu amis comme cochon ». (Je cite mes auteurs algériens.) Puis au récit détaillé des phases de son amitié « comme cochon » avec l’homme de la Cantère, notre citoyen de Saint-Eugène ajoute navré, dolent :

— Ce que c’est tout de même que de nous, maintenant que je pourrai plus le saluer.

— Et pourquoi ?

— Je viens d’apprendre que c’est un pédéraste.

Il y a de cela dans les indignations algériennes sur le séparatisme. On en pratique la réalité, on en repousse le mot. Les sentiments, les actes de séparatisme sont naturels. Le mot seul est odieux ; l’étiquette seule fait rougir.

Aussi laissons l’étiquette, le mot. Voyons les actes, les sentiments manifestés.