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l’emportent en nombre sur nos compatriotes et, par suite, on est en droit de craindre que l’idée française, au lieu de pénétrer la masse étrangère, vienne à s’y dissoudre et à se perdre.

« Ce qui est grave surtout, c’est que ces étrangers forment en Algérie des groupements compacts. L’Espagnol qui débarque à Oran, qui vient s’installer à la Cantère, pourrait croire n’avoir pas quitté son pays et se figure volontiers être encore sur les terres de la Reyna. L’Italien qui arrive à Bône, à Philippeville, à Alger, rue de la Marine, s’imagine toujours être dans le royaume du re Umberto. Et non seulement ces groupement sont fort compacts, mais ceux qui les constituent vivent toujours entre eux, parlent la langue maternelle, gardent les mœurs de là-bas, ne prennent ni nos habitudes, ni nos idées. Et cependant, de par la loi de 1889, d’une façon qu’on a ingénieusement qualifiée d’automatique, ils deviennent Français en droit, mais généralement sans l’être par l’esprit ou par le cœur. » (L’Idée française en Algérie, brochure de 1898.)


L’élément français avec la mentalité française ne subsiste en Algérie que par l’apport incessant de Français de la métropole.

C’est même le motif honnête qui met le gouvernement général en accord avec les mobiles malhonnêtes pour lesquels les Algériens tiennent au développement de la colonisation officielle.

C’est parce que M. Jonnart voit diminuer l’élément français qu’il veut le renforcer en attirant de nouveaux Français par cette œuvre de la colonisation officielle, laquelle — en réalité — ruine les indigènes dépossédés, pour enrichir certaines catégories d’Algériens, sans fortifier l’influence française.

L’administration algérienne lutte contre son dessein en prenant la colonisation officielle pour moyen de résistance à l’envahissement étranger.


« Les colons officiels, dit M. de Peyerimhoff, versent un peu de sang français dans le mélange qui se cristallise aujour-